jeudi 26 janvier 2017

Evolution de parcours | Dominique Mosseray, céramiste à Borlon

Borlon | Dominique Mosseray, céramiste

ADL : Madame Mosseray, vous avez participé à un voyage au Japon avec une délégation communale en novembre dernier dans le cadre des 150 ans d’amitié belgo-japonaise. Qu’en avez-vous retenu ?

Dominique Mosseray : Une formidable expérience et de très beaux échanges ! C’était pour moi un rêve depuis toujours : partir à la découverte des grands maîtres japonais, « la référence » en matière de céramique ! Nous avons visité Mashiko, un haut lieu de la céramique, des centaines d'ateliers, galeries et les fameux fours anarigamas, dont beaucoup reconstruits depuis le tsunami. Fabuleux ! J'ai réalisé, à Hanyu, une sculpture en céramique, cadeau de la Ville de Durbuy pour la commémoration des 150 ans, et me suis rendue compte que les Japonais étaient sensibles à mon travail. Je n’ai qu’une seule envie : retourner au Japon !


ADL : Retour en Belgique… Nous nous étions rencontrées en avril 2011. Depuis lors, quels ont été les principaux changements ?

D.M. : Le plus grand fut le déménagement de mon atelier à Borlon en 2012. Avant cela, j’avais deux loyers à payer : celui de mon atelier, à Barvaux, et celui de mon magasin, à Durbuy. Comme le magasin à Durbuy ne fonctionnait pas très bien, je suis partie à la recherche d’une maison avec de grands espaces. J’ai trouvé tout à fait ce que je cherchais, ici, au sein de l’ancienne école de Borlon. Au rez-de-chaussée, j’y ai installé mon atelier et, à l’étage, une salle d’exposition ainsi que mon espace privé.


ADL : Comment expliquez-vous que votre commerce n’a pas rencontré le succès escompté dans la vieille ville ?

D.M. : Primo, il faut reconnaître que les loyers à Durbuy Vieille Ville sont chers. Deuxio, pour m’en sortir financièrement, il aurait fallu que je vende d’autres marchandises en plus de mes créations et cela, je n’en avais ni l’envie ni l’espace. Ensuite, 8 mois de reconstruction d'un hôtel en face de ma vitrine a été le coup de grâce. Enfin, je pense que la clientèle de Durbuy n’est plus la même qu’avant.


ADL : Comment écoulez-vous vos créations désormais ?

D.M. : Comme au début de mon activité, je vends mes pièces sur des marchés, des salons et des expositions. L’an passé, par exemple, j’ai exposé dans 6 galeries d’art/centres culturels et participé à 8 marchés d’artisans et salons dont un, au Luxembourg, durant 3 semaines. J’avais également l’intention d’être présente régulièrement sur un marché d’artisans à Bruxelles, près de la Grand Place, mais j’ai arrêté à cause des attentats qui ont fait fuir les touristes.
Pour un artisan, il est important de se montrer. C’est ainsi que je distribue des milliers de cartes de visite chaque année. Beaucoup viennent ensuite à l’atelier. En toute modestie, je ramène plein de gens à Durbuy…

ADL : Sur quels critères sélectionnez-vous vos salons et marchés ?

D.M. : En fonction du prix et de la qualité de ceux-ci. J’évite les grands salons, souvent très chers, et je donne la préférence aux marchés de potiers ou d’artisans qui sélectionnent leurs participants sur base d’un dossier introduit au préalable (plus sérieux).

ADL : Avez-vous encore développé des partenariats dans la commune ?


D.M. : Oui, j’ai de bons contacts avec des propriétaires de chambres d’hôtes et de gîtes de la région qui exposent mes pièces et parlent de moi. De mon côté, je leur envoie des clients, échange de bons procédés !
Dernièrement, le nouvel hôtel Eau de Roche, à Durbuy, m’a commandé un ensemble « petit déjeuner », une garniture de table et des luminaires en porcelaine.

J’aimerais travailler davantage en partenariat avec des hôtels /restaurants  mais je préfère que ce soit eux qui viennent me chercher avec une demande particulière.
Sinon, j’expose également certaines de mes pièces dans la nouvelle galerie "Métiers d'Art" d’Alain Lovenberg, à Tohogne.


ADL : En 2011, vous donniez des cours de céramique. Est-ce toujours le cas ?

D.M. : Non, je n’en donne quasiment plus. Par contre, j’organise des stages, mais uniquement  sur demande. C’est ainsi que, prochainement, j’accueillerai une famille pour une journée d’initiation à la céramique.


ADL : Avez-vous encore suivi des formations ?

D.M. : Faute de temps, je n’ai participé qu’à des formations sur la vente en ligne organisées par l’UCM, car, à l’avenir, je souhaite utiliser ce canal pour vendre mes créations. Cependant, la mise au point, le choix de la boutique en ligne et l'organisation demandent un certain temps.
Sinon, plutôt que des formations, je fais surtout beaucoup de recherches personnelles en expérimentation dans mon atelier.

ADL : Avez-vous investi dans du nouveau matériel ?

D.M. : Oui, j’ai acheté un four d’occasion en vue de remplacer un des deux fours actuels, vieux de près de 35 ans ! Le nouveau a une double isolation et consomme donc moins.



ADL : Des changements dans les matériaux travaillés, dans les pièces réalisées ?

D.M. : En plus du grès et de la porcelaine, je travaille de plus en plus la terre noire qui rend les pièces plus design et contemporaines.
Dernièrement, j’ai réalisé des fleurs en céramique qui se sont vendues comme des petits pains pour les fêtes. Grâce à leur prix attractif (3€/pièce), elles sont devenues mon produit d’appel sur les petits marchés.



ADL : Des projets pour les années à venir ?

D.M. : Quand les travaux à l’intérieur de la maison seront terminés, j’ai l’intention de créer une vitrine pour inciter les gens à pousser la porte de mon atelier.  Et, à plus long terme, pourquoi pas une chambre d’hôtes en duo avec un atelier "terre" ? J'ai des projets pour plusieurs vies encore !!!

Entretien réalisé par Marie-Agnès Piqueray, janvier 2017


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