mardi 19 décembre 2017

Portrait | Didier Demoulin, Dureco à Barvaux


Dureco, une entreprise locale ayant pour missions la collecte, le tri, le transport et le conditionnement des déchets.



ADL : Monsieur Demoulin, quand et comment est né Dureco ? Était-ce en réponse à une demande ?

Didier Demoulin : Non, pas vraiment… je parlerais plutôt d’une régularisation. Tout est né au départ de l’ASBL « Atelier Environnement » qui s’est bien développée dans la collecte des déchets. Fin 2009, la Région Wallonne a cependant refusé l’activité marchande au sein de cette ASBL (qui fonctionne grâce à des subsides liés au secteur non-marchand). La solution a donc été de créer une structure privée indépendante. C’est ainsi que Dureco a vu le jour en 2010.

ADL : Pourquoi avoir opté pour le statut de « Société coopérative à responsabilité limitée et à finalité sociale » pour Dureco ?

D.D. : Notre objectif premier a toujours été de créer de l’emploi et de favoriser l’insertion professionnelle de travailleurs et de demandeurs d’emploi peu ou moyennement qualifiés. La SCRL à finalité sociale, agréée entreprise d’insertion, y répondait parfaitement.

ADL : Qui sont les membres fondateurs de Dureco ?

D.D. : A l’époque, une partie du personnel de l’Atelier Environnement, inquiet pour son avenir, s’est fort impliquée dans la création de la nouvelle structure. Aussi, certains ont pris des parts dans la coopérative, tout comme le CPAS de Durbuy et moi-même. Aujourd’hui, 3 nouveaux coopérateurs, issus des membres du personnel, participent également à la gestion de l’entreprise en assistant aux assemblées générales. Notre volonté est de faire participer nos travailleurs encore plus activement dans la société.

ADL : La coopérative Dureco n’a pas toujours été localisée à Barvaux…

D.D. : Le personnel administratif, lui, a toujours été situé à la Laiterie de Tohogne. Quant au personnel technique, après avoir commencé à travailler à Rome (avant transformation des bâtiments), il a ensuite été transféré à Bomal (dans les bâtiments de Thierry Vincent), avant de retourner à Rome (dans les nouveaux bâtiments). Enfin, depuis le début de l’année 2017, il a déménagé sur un tout nouveau site de 3 000 m² et un bâtiment de 800 m² sur le Parc d’Activités Economiques de Barvaux.
ADL : Parlez-nous de vos nouvelles installations…

D.D. : Le site est équipé de quais à conteneurs et de logettes pour trier manuellement les différentes matières. Tous les déchets restent à l’extérieur (sous hall couvert ou non).  A l’intérieur du bâtiment, on y trouve des bureaux et un espace pour la maintenance et l’entretien du matériel.


ADL : Combien de personnes travaillent chez Dureco ?  Ce chiffre a-t-il évolué ?

D.D. : En 2010, la société comptait huit emplois : 4 ouvriers, 1 employée administrative et 1 comptable (engagées toutes les deux à 1/4 temps), 1 contremaître et moi-même. Nous avons joué la carte de la prudence durant la phase de démarrage. Aujourd’hui, la coopérative emploie une vingtaine de personnes.

ADL : Selon quels critères engagez-vous ?

D.D. : Dans le cadre de l’entreprise d’insertion, les critères d’engagement sont bien définis par la Région Wallonne : pas de CESS (Certificat d’Enseignement Secondaire Supérieur), être chômeur complet indemnisé (ou assimilé) et avoir une certaine durée de chômage selon que la personne a plus ou moins de 45 ans.

ADL : D’autres critères ?

D.D. : Un autre des objectifs qui nous tient à cœur au sein de la coopérative est la création d’emplois de proximité qui participe directement à l’économie locale. Enfin, nous donnons également la priorité aux travailleurs qui ont fait leurs preuves à l’Atelier Environnement.

ADL : Faites-vous appel à des partenaires pour recruter ?

D.D. : Oui, notamment à la Mirelux ou au CPAS.  Ce dernier nous envoie régulièrement des « articles 60 » (mise à l'emploi d’un bénéficiaire d’une aide du CPAS via un contrat de travail qui lui permettra d’ouvrir le droit aux allocations de chômage ou d’acquérir une expérience professionnelle).

ADL : A qui proposez-vous vos services ?

D.D. : Uniquement aux entreprises. Si nous collectons également chez des privés, c’est sur base d’un contrat avec des communes ou en sous-traitance d’autres structures.

ADL : Concrètement, quels services pouvez-vous proposer aux entreprises ?

D.D. : Quel que soit le domaine d’activité et le type de déchets (des déchets ménagers aux déchets toxiques, excepté les déchets inertes de construction et de démolition), Dureco trouve la solution la mieux adaptée aux besoins de l’entreprise, qu’elle veuille trier ses déchets ou non.  Nous lui proposons la mise à disposition d’une large gamme de conteneurs et facturons en fonction de la valeur des matières.



ADL : Sont-elles nombreuses à trier ?

D.D. : Trier coûte cher en termes de main d’œuvre et nécessite de la place...

ADL : Y voyez-vous une solution ?                                        

D.D. : La solution, c'est Dureco. Nous pouvons prendre en charge le tri pour les entreprises qui le souhaitent. Nous proposons plusieurs solutions :
  • des collectes en conteneurs ou en sacs à domicile (papiers/cartons, PMC mélangés, films plastiques, frigolite, déchets résiduels)
  • des collectes en vrac à domicile (encombrants)
  • apports volontaires dans nos nouvelles installations. Les déchets y sont pesés et payés en fonction du poids et du type de déchets de sorte à ce que le "client" paye le prix le plus juste en fonction de ce qu'il apporte.
ADL : Comment vous situez-vous vis-à-vis de l’AIVE ?

D.D. : Nous sommes à la fois partenaires et concurrents.  Je m’explique : il faut savoir que les communes, qui ont comme mission la propreté publique, peuvent confier certaines tâches à l’intercommunale AIVE.  Celle-ci lance alors des appels d’offre (selon un cahier des charges bien défini) à des sociétés privées telles que Dureco, Suez, Shanks…  pour sous-traiter le travail. C’est ainsi que Dureco a remporté l’appel d’offre de l’AIVE pour la collecte en porte-à-porte des papiers/cartons ménagers pour 20 communes. Autre exemple de partenariat étroit avec l’AIVE : Dureco a gagné le marché pour la collecte, la transformation et la vente de la frigolite qu’elle récupère dans tous les recyparcs de l’AIVE. Aussi, a-t-elle investi dans une machine à compresser qui est installée dans un hall de l’AIVE à St-Vith. Une belle collaboration !
Là où nous sommes plutôt concurrents, c’est face aux recyparcs (nouvelle appellation des « parcs à conteneurs ») implantés par l’AIVE. Tous les deux, nous réceptionnons différentes matières recyclables que nous stockons puis revendons.

ADL : Quelle est alors la plus-value de Dureco face aux recyparcs ?

D.D. : Le temps que l’entreprise gagne grâce au service à domicile !  De plus, chez Dureco, les entreprises ont la certitude de pouvoir se débarrasser de tous leurs déchets, quel que soit le volume.  Enfin, si le dépôt de certaines matières est gratuit dans les recyparcs, pour d'autres, c'est un forfait de 57€ le passage pour toute PME et paiement via des chèques-dépôts prépayés.



ADL : Et quelle est la force de Dureco face aux autres collecteurs privés ?

D.D. : Notre point fort est la flexibilité grâce à notre gamme de camions de toutes tailles (du 3,5 tonnes jusqu’au 28 tonnes).  Nous choisissons « le bon camion sur la bonne tournée ».   Les grands collecteurs, situés principalement en région liégeoise, sont, eux, généralement équipés de gros camions 28 tonnes et ne sont pas toujours intéressés de venir en Province du Luxembourg (faible densité de population sur un territoire étendu).
Comme nous sommes une petite structure, nous pouvons également adapter la fréquence des collectes en fonction des saisons pour nos clients du secteur Horeca et les campings, contrairement aux grands collecteurs.

ADL : Y a-t-il des entreprises locales qui s’occupent de la valorisation des déchets ?

D.D. : Non, la valorisation des déchets ne s’effectue pas au niveau local car elle nécessite une quantité énorme de matière. Les déchets sont principalement recyclés à l’étranger.

ADL : Quels canaux de communication utilisez-vous pour trouver de nouveaux clients ?
D.D. : C’est le bouche à oreille qui fonctionne le mieux. Sinon, nous communiquons via notre site Internet et notre page Facebook. Nous avons également engagé un commercial, Cédric Léonet, qui est au service de la clientèle pour toute information et offre de prix. Il est aussi chargé du démarchage commercial.

ADL : "Il faut convaincre le citoyen de trier ses achats, plutôt que ses déchets". Qu’en pensez-vous ?

D.D. : En temps que citoyen, ça me parle. Quand je fais des achats, je fais attention aux emballages.
Dès 15 ans, j’ai fait le choix de travailler dans le domaine de l’environnement, j’y suis donc sensibilisé.

ADL : Quelle est la principale difficulté rencontrée dans l’exercice de votre fonction ?

D.D. : C’est la gestion des ressources humaines.  Il faut pouvoir concilier les humeurs, les sensibilités, les problèmes sociaux et familiaux des uns et des autres. Ce n’est pas toujours facile !

ADL : Quelle est votre plus grande satisfaction ?

D.D. : Le fait de voir que la coopérative fonctionne bien et que le bilan est positif chaque année. (En 2017, Dureco atteint un million d’euros de chiffre d’affaires). Comme nous avons choisi de ne pas rémunérer les administrateurs de la coopérative, l’entièreté des bénéfices est réinjectée dans la société chaque année (salaires, équipements…).


ADL : Avez-vous des défis pour les années à venir ?

D.D. : Oui et ils sont nombreux ! Tout d’abord, c’est d’essayer de convaincre la Ville de Durbuy de confier la collecte des duobacs à l'économie sociale. Nous comptons également négocier avec IDELUX l’achat d’un 2ème terrain sur le PAE car nous commençons à être un peu à l’étroit. En 2018, nous essayerons aussi d’obtenir le marché « Récupel » pour la collecte et le reconditionnement des électroménagers.  Enfin, c’est d’essayer de gagner le marché de la collecte à domicile des PMC (si celle-ci devient obligatoire pour les communes wallonnes).
J’ai bon espoir de pouvoir relever ces défis car nous sommes concurrentiels face aux grosses structures, grâce à nos frais de fonctionnement limités.

ADL : Un message à faire passer ?

D.D. : Je vais profiter de l’occasion pour diffuser une offre d’emploi : nous sommes à la recherche d’une femme de ménage à mi-temps, dans le cadre de l’entreprise d’insertion. Cette personne devra disposer d’un permis B car elle travaillera pour Dureco, l’Atelier Environnement et le Parc des Topiaires.

ADL : A ce propos, j’ai entendu dire que le Parc des Topiaires allait prochainement travailler en partenariat avec Dureco…

D.D. : En effet, pour les 20 ans du Parc des Topiaires, une exposition permanente prendra place, en 2018, sur le site. Celle-ci donnera une seconde vie à des objets récupérés chez Dureco. L’objectif de cette exposition est d’agrémenter le Parc des Topiaires et d’y faire venir de nombreux visiteurs.


DURECO SCRL FS
Rue de l’Industrie 37 | 6940 Barvaux
GSM : 0474 49 66 00
durecofs@skynet.be
www.durecofs.be
Page Facebook

Entretien rédigé par Marie-Agnès Piqueray

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